De la boue…à la douche !

 

Je quitte Cafayate par un magnifique soleil, mais avec de mauvaises prévisions pour la suite. Les pluies exceptionnelles de ce dernier mois ont mis les pistes du Nord de l’Argentine en très mauvais état,  surtout  qu’en temps normal elles ne sont  déjà pas en  très bonnes conditions.  

Après quelques kilomètres, la N40 se transforme en piste piégeuse dont certains secteurs sablonneux me rappelèrent  Paris-Dakar en VTT  (1987). Ne pouvant plus trouver mon  équilibre quand  il se plantait, j’ai du pousser mon vélo sur de longs bouts.

Par contre la traversée des vallées Calchaquies dans  des décors extraordinaires, fût un régal pour les yeux. Malgré les montées très raides et les descentes  vertigineuses où j’ai failli me planter plusieurs fois, j’ai profité de chaque kilomètre pour m’en mettre plein la vue.

Les couleurs et les formes spectaculaires des montagnes me faisaient évoluer dans un décor digne d’une grande production cinématographique où je tenais le premier rôle.

Vallée parcourue par la rivière « Rio Calchaqui » qui comme tous les cours d’eau charriait une grande quantité d’eau brunâtre et  à plusieurs endroits était sortie de son lit. J’ai traversé de petits villages avec de magnifiques églises d’un blanc impeccable qui  ressortaient dans le paysage.

De maigres cultures et un peu d’élevage font vivre leurs habitants. A mon passage, c’était toujours la même chose, un pouce levé et me criant « Buon viaje ! »

En arrivant à Cachi où le temps est en train de changer, je suis arrêté par la police. Elle m’interdit  de continuer sur la N40 car le col « Abra del Acey » est fermé pour un certain temps à cause d’éboulements et de secteurs de routes emportées par les pluies torrentielles.  La N33 qu’ils m’obligent de prendre est aussi fermée et je dois rester un jour ici à attendre les infos. Le lendemain  la police me donne le feu vert mais je dois passer le col Cuesta del Obispo   (3348m.) entre 10 et 14h.

Je quitte Cachi sur la N40 et au km 4511 bifurque sur la N33. Montée de 60km  dont les 5 derniers dans un épais brouillard et avec une température de 5C. Puis c’est la descente aux enfers, pistes défoncée, visibilité 10m , froid et de nouveau des coulées de boue à franchir. Après 80km, je trouve refuge dans une petite auberge et pense être au bout de mes bains de boues forcés et bien non ! car avant d’arriver à Salta,  la descente sinueuse se termine par un secteur  épouvantable où j’ai failli être emporté par un torrent. C’est avec un certain soulagement que je suis arrivé à Salta, avec tout de même un regret de ne pas avoir eu l’autorisation de passer le plus haut col de l’Amérique du Sud. Mais à l’impossible…..

Pour me remettre de ces dures journées, je décide de me rendre en bus aux chutes  d’Iguaçu, situées de l’autre côté du pays. Malgré les 44 heures de voyage aller retour, le déplacement valait la peine. Extraordinaire site à la frontière Argentine Brésil.

Spectacle à vous couper le souffle car  à chaque  seconde se sont plus de 20millions de litres d’eau  qui tombent de plus de 70mètres dans cette faille du fleuve.

Et là j’ai pris ma douche ! .. plutôt deux qu’une, en allant en bateau sous les chutes.

De retour à Salta je vais parcourir le dernier secteur argentin  jusqu’à  la frontière bolivienne en priant que la pluie cesse car la Bolivie est aussi affectée par les pluies diluviennes.

Malgré ou grâce à ces difficultés, comme dans la vie de chaque jour et de chacun, je suis en train de vivre une extraordinaire aventure.  Les moments pénibles sont vite effacés  par les moments  intenses où je vis, partage et m’en mets plein la vue et d’autres encore plus intenses qui resteront gravé dans « mon disque dur ». De toute façon la vie est une aventure  avec chaque jour de bon et mauvais moments à passer. Après les difficultés  nous sommes fiers de ne pas abandonner à la première difficulté.

Comme toujours j’ai fait d’extraordinaires rencontres. Parmi celles-ci  je me souviendrai longtemps de l’accueil de cette famille chalchaquie qui m’a permis de pénétrer dans leur intimité. J’ai pu les photographier et filmer dans leur occupation journalière qui consistait à bouchaier une chèvre. Merci pour leur gentillesse. Ainsi qu’à Salta, la soirée partagée avec  Annelise et Jan de Belgique ainsi que leur ami argentin. Un grand moment entre amis.

Merci à tous pour votre support et à bientôt en Bolivie.   L’Aventure continue !