De retour de ma douche aux chutes d’Iguaçu, je retrouve mon BMC à Salta et reprends l’aventure sur la N9 direction la Bolivie. Par un temps gris et menaçant je me rends à San Salvador de Jujuy sur une petite route qui se fraie un chemin entre des falaises abruptes et le Rio Grande, charriant des tas de débris en ses eaux boueuses. A plusieurs endroits d’énormes éboulements l’avaient rendue impraticable durant plusieurs jours.
Puis sur une vingtaine de kms, j’ai plongé par un petit chemin dans une forêt vierge, véritable jungle, enfer vert et humide qui m’a fait penser à mon passage en Malaisie. Un véritable labyrinthe avec des centaines de virages pleins de pièges, de trous et de pierres. Mais en plus des vaches et des chèvres qui broutent sur les bas-côtés à la sortie des virages et que je surprends en arrivant sans bruit…
Puis à partir de S.S. de Jujuy la route ne fait que monter. Au début ce n’était presque pas perceptible, j’ai pensé que je n’avais plus de jambes et en me retournant j’ai constaté que ça montait.
Puis des secteurs plus pentus se sont succédés où j´utilisais le 22×30 à 7 km/h. et ceci dans une ambiance humide et toujours au milieu d’une végétation luxuriante. Sur ma droite, toujours le Rio Grande qui occupe tout le fond de la vallée; à certain endroit sa largeur est de plus d’une centaine de mètres. Il y a aussi la ligne de chemin de fer qui se meurt lentement, soit emportée par les éléments ou par les habitants qui ont « pris » les rails et les traverses pour leur propre usage…
A une certaine époque, le gouvernement Argentin a supprimé l’aide au chemin de fer, c’est pour cela que je vois à plusieurs endroits des vestiges de réseau qui se meurent. La raison est que ça coûtait trop cher. Maintenant le gouvernement octroie des subsides aux compagnies de bus et ça coûte cinq fois plus…Vive la politique!
A partir de Léon la végétation commence peu à peu à laisser la place à d’extraordinaires formations montagneuses dues à l’érosion de millions d´années, les fameuses « Quebrada », très hautes en couleurs. A un certain endroit on l’appelle même « LA PALETA del PINTOR » (palette du peintre) ça veux tout dire.
A Pumamarca, je me trouve dans un village typique de l´Altiplano, surplombé par une extraordinaire formation rocheuse appelée « aux sept couleurs ». Là je fais un aller- retour sur la Ruta 52, en passant un col à 4120 mètres d’altitude et me retrouve à 3550 mètres sur un immense désert de sel de 120 km2 « Las Salinas Grande ».
Puis je découvre le joli village de Tilcara à plus de 2500m d’altitude, où je visite la célèbre forteresse précolombienne » La Pucara de Tilcara » qui servait de point stratégique pour surveiller toute la vallée (Pucara, en langue Quechua, signifie Forteresse).
En quittant Tilcara, je passe le Tropique du Capricorne avant d’arriver à un autre village typique de l’Altiplano à plus de 3000 m. d’altitude, Humahuaca, trop touristique à mon goût, situé à deux jours de la frontière Bolivienne. Là, comme la pluie menace, je m’informe à la police qui m’indique que les prévisions météo des prochains jours ne sont pas très bonnes et qu’en plus les pistes boliviennes sont en très mauvaises états après la saison des pluies…. On me conseille de redescendre à S.S.de Jujuy et de prendre la N34 direction la Bolivie et Santa Cruz. Je me fie à leur conseil et fais demi-tour. Pendant deux jours je plonge littéralement de plus de 3000m. à moins de 200m. pour me retrouver sur la N34.
En sortant de S.S. de Jujuy je retraverse une zone de forêt tropicale sur une assez mauvaise route où, pour la première fois, je suis attaqué à plusieurs reprises par des chiens…les bienfaits de mon stage en altitude m’ont permis de les laisser sur place. Je rejoins la N34, route internationale au milieu d’une immense plaine couverte de cultures de cannes à sucre, maïs, soja, légumes et arbres fruitiers qui s’étendent sur tout le nord de l’Argentine, la Bolivie et le Paraguay.
Je retrouve malheureusement aussi les fous du volant, car cette route est empruntée par les énormes camions argentins, boliviens, brésiliens, chiliens et paraguayiens, ainsi que les bus subventionnés par le gouvernement. Ils me poussent dans le bas-coté et à plusieurs reprises je me suis retrouvé dans la caillasse. Autres changements, la température qui dépasse les 30 degrés, les moustiques aussi gros que des guêpes, et des centaines de serpents heureusement écrasés et qui font le régal de gros rapaces qui s’occupent du nettoyage. Ça me rappelle les kangourous écrasés par les Road Train en Australie. Tout ça m’accompagne jusqu’à la frontière bolivienne.
Durant ce secteur j’ai rencontré beaucoup de personnes avec qui j’ai partagé de bons moments, mais surtout des touristes. Quand aux indigènes, ils sont plutôt discrets et habitués aux touristes.
L’ARGENTINE: Après trois mois dans ce pays ce qui m’a le plus marqué c’est la gentillesse des gens que j’ai rencontré, les extraordinaires paysages aussi différents les uns que les autres, des glaciers du sud aux chutes d´Iguaçu au nord, les extraordinaires paysages de l’Altiplano et de milliers d’autres coups d’œil chaque jours qui m´ont remplis la tête de souvenirs inoubliables et cela malgré les mauvaises conditions météo, les bains de boue forcés, les changements d’itinéraires et les galères. C’est comme dans la vie de tous les jours on oublie vite les mauvais moments, on les surmonte et il nous reste toutes les merveilles du monde.
Quand aux cotés plutôt négatifs, c’est l’état de ce magnifique pays, la pollution, les chiens qui trainent partout, l’état générale de l’infrastructure des routes et bâtiments et surtout en parlant entre quatre yeux avec les argentins, c’est la corruption, les magouilles politiques et leurs conditions de vie où ils trouvent une échappatoire en regardant les six chaines de TV avec du FOOT à toutes les sauces qui leur font oublier leurs véritables problèmes.
Madonna chante: Don’t cry for me Argentina !…Moi je pleurerais pour les Argentins…
Je vous donne rendez-vous pour la suite de l’Aventure….en BOLIVIE.
Adios et gracias por vuestros messajes. Abrazo
Georges
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