L’Enfer du Sud

Hola, ici L’Enfer du Sud !
Je connaissais l’Enfer du Nord, mais maintenant je connais le Super Enfer du Grand Sud.
Au vu de mon âge avancé pour un cyclo-randonneur et aux difficultés rencontrées lors de mes précédentes aventures, je croyais tout connaitre dans la pratique du vélo, mais maintenant je sais que je ne savais pas tout. J’apprends encore chaque jour. Ici j’ai trouvé quelqu’un qui a failli me dégoûter du vélo…EOLE.

                                          

La Patagonie, région du sud de l’Argentine, est une immense steppe légèrement ondulée et recouverte d’une maigre végétation jaunâtre où ça et là je peux distinguer des moutons ou des guanacos. Pendant des jours le même horizon, des bouts droits sans fin, des secteurs de routes en terre battue défoncées et en chantier sur des dizaines de kms. C’est un vrai miracle de tenir sur son vélo en roulant là- dessus avec des vents latéraux en rafales entre 80 et  100 Km/h. Je chutais plusieurs reprises par jours. Même des voitures, minibus, et motards se sont retrouvés dans le bas côté. En plus ici le danger vient de gros camions qui vous poussent hors de la route en vous frôlant et de dizaines de Fangio qui n’ont aucun égard vis-à-vis des cyclistes. 
Je comprends maintenant pourquoi les Argentins font du foot  plutôt que du cyclisme…pas de vent dans les stades et en plus protégés par  S. Blatter.
Un peu fou ! loco en espagnol, j’apprends chaque jour un mot. Il me reste malgré tout un peu de sagesse dans ma tête pour ne pas dépasser mes limites. Et comme dans les grands Tours, j’ai effectué quelques transferts.
                                            

Ces régions désertiques et peu habitées m’ont permis de rencontrer des gens extraordinaires. Parmi eux Oswaldo le restaurateur (comme Moser) et sa famille m’ont reçu comme si j’étais un proche et j’ai passé avec eux un weekend  inoubliable; pour lui j’étais devenu son…CHE. Luigi d’origine italienne, spécialiste en soudure qui m’a recueilli presque mort au bord de la route et m’a conduit jusqu’à son bureau. Pendant ce bref moment nous avons parlé de cyclisme, c’est un passionné, mais ici pas d’infos. Il m’a parlé de son père qui a combattu en Ethiopie pour le Duce, et dont son pays l’a ensuite laissé tomber. Je l’ai quitté en pleurs. Gabriel qui m’a fait faire un transfert dans son Minibus et qui m’a expliqué que presque tous les cyclos empruntent La Caratera Australe au Chili  (paysages superbes et parcours plus beau, moins difficile et surtout sans vent) et je me suis dit que comme d’habitude je n’ai pas choisi la facilité. Marcelo et son épouse, vétérinaire à Buenos Aires qui pendant plusieurs jours m’ont régulièrement dépassé avec leur voiture. Ils s’arrêtaient chaque fois pour m’encourager et s’inquiétaient pour moi. Et beaucoup d’autres m’encourageant d’un simple geste, d’un pouce levé. Pour moi toutes ces rencontres sont de grands moments de partage et me prouvent que malgré les langages, les origines et les religions différentes, l’homme est bon et solidaire, surtout là où c’est la nature qui les commande.

           

Mais grâce à ma tronche, à mes partenaires et à tous les messages reçu de vous mes amis, je suis tout de même arrivé à Bariloche, au km 2430 de mon aventure. L’étape qui ma emmené ici fût la plus belle depuis longtemps malgré la difficulté du parcours montagneux; tout d’abord pas de vent ensuite des décors magnifiques. Des lacs entourés de montagnes enneigées m’ont vraiment donné l’impression d’être chez nous en Suisse.

 

C’est à partir de Tecka que gentiment la topographie a changé. Des collines de plus en plus élevées et à l’horizon la cordillère des Andes avec ces sommets enneigés m’ont servi de magnifique toile de fond. Les couleurs aussi ont changés et le vert a pris le dessus. Des arbres bordaient la route qui se faufilait dans de petites vallées et me protégeaient un peu du vent. Fini les longs bouts droit sans fin. Esquel fût la première agglomération digne de ce nom après plus de 1200 km. Petite ville située au fond d’une vallée entourée de montagnes, bien connue de l’équipe suisse de ski pour leurs camps d’entrainement en été. La j’ai eu la chance d’obtenir un ticket pour le fameux train à vapeur (La Trochita) qui circule sur un tronçon réduit de 20 km avec le même matériel que dans les années 1900. Son parcours était à l’époque de plus de 400 km. Des mordus du monde entier viennent jusqu’ici pour effectuer ce parcours. C’est pour ça que je dis avoir eu la chance d’obtenir un ticket.

        

Mon matériel me donne pleine satisfaction, je suis chanceux de pouvoir compter sur mes partenaire un  grand merci à tous les trois.
Ceux qui me connaissent savent que je m’occupe de mon matos, mieux que de moi-même.
Malgré les aléas de mon aventure, comme chaque jour dans la vie, j’ai un plaisir fou de pouvoir vivre de grands moments, où j’apprends beaucoup de choses dans le vif du sujet. La solitude et l’effort le permettent. On peut dire que c’est une vraie drogue, dans le bon sens du terme.

Mes prochaines NEWS, sûrement pas avant Mendoza car je vais de nouveau traverser une région désertique et peu habitée où le vent sera encore de la partie. 
Hasta luego    Vuestro amigo Georges